La nomination de Christophe Leribault à la présidence du château de Versailles est certes une surprise mais, était-il possible  de trouver mieux ?

D’abord, Christophe Leribault est un excellent historien d’art qui a soutenu une thèse remarquable en Sorbonne sur le peintre Jean-François de Troy, qui a été publiée en 2002 aux éditions Arthena. Les retardataires peuvent toujours se la procurer, ils ne seront pas déçus :https://www.arthena.org/.

Ensuite, il a été l’excellent conservateur que beaucoup regrettent au Petit Palais, de 2012 à 2021, en organisant de passionnantes expositions.

Depuis le 14 septembre 2021, il présidait le Musée d’Orsay, nul doute, il sera beaucoup plus à sa Place à Versailles.

Le travail sera difficile, terrible, il y a tellement à faire au moment des inévitables restrictions de crédits étant donnée la situation financière européenne.

 

Alors, toutes nos félicitations à Christophe Leribault, souhaitons lui bon courage et que Versailles cesse enfin d’être ce bastringue si vulgaire où tout était permis.

Rappelons nos propos publiés dans le  numéro 414 de février de Danser :

« Prenons l’exemple du château de Versailles. Ses malheurs ont commencé lorsqu’il est devenu, pas même par une loi, mais par le sinistre décret du 27 avril 1995, concocté à la va-vite dans la plus grande précipitation, et le plus grand désordre, un établissement public national à caractère administratif. Ce n’était nullement nécessaire, tout fonctionnait parfaitement bien, mais tout a été parfaitement imaginé et conçu pour caser les coquins copains. Souvenons-nous, ils ont rappliqué en masse, ils faisaient même la queue devant la grille.

Depuis trop longtemps, le domaine national de Versailles est devenu une auberge espagnole, un repaire de brigands, chacun vient camper, loger à sa guise, sans y avoir été invité. L’un campe dans un appartement, l’autre s’approprie un morceau de jardin. Oui, les malfrats de la plus basse à la plus haute catégorie profitent du fait que conservateurs et architectes, tous excellents, très compétents soient tenus au devoir de réserve, pour les prendre en otages, les mettre devant délits et ravages accomplis sans jamais les consulter en amont.

Insistons bien, les conservateurs n’ont aucune possibilité de s’opposer ! Vous comprenez maintenant comme tout dans ce décret a été perversement imaginé ! Versailles livré aux pilleurs ! 

André Malraux, agnostique, avait refusé l’exécration de la Chapelle. Il installa son ami de guerre, le chanoine Roussel, comme Chapelain de la Chapelle Royale. On entendit alors, de 1961 à 1980, pendant les Offices, les partitions retrouvées de Charpentier, Lully, de Lalande. Aujourd’hui, cette chapelle est défigurée par une forêt de gros projecteurs en hideux studio d’Hollywood des années 50, les visiteurs détournent le regard par dépit. Quelle décision Malraux eût-il prise en voyant de telles horreurs ? Qui autorise ce massacre ? Qui va financer la restauration de l’usure des parquets, des marbres, des sièges, de la salissure des murs ?

Aujourd’hui, Versailles est dans un embrouillamini  juridique complet. Un tel désastre n’a jamais été connu tout au long des cinq Républiques qui se sont succédé. En cadeau de bienvenue, il conviendrait d’offrir un beau démêloir à Madame Rachida Dati. Souhaitons-lui bon courage, parce qu’elle sera servilement  courtisée par tel ancien ministre pour qui on réservait  la place depuis tant d’années bien qu’il ne sache rien de Versailles, sinon les paillettes laissées par ses prédécesseurs.

Ne serait-il pas temps de siffler la fin de la tragédie, de mettre les démolisseurs et leurs si vulgaires et négatives exhibitions hors du domaine. Le moment n’est-il pas arrivé, en période de crise, de protéger, conserver le château de Versailles, en montrant la porte à tous les accapareurs, et en revenant à la forme juridique « Monument historique » qui a largement fait ses preuves ? Surtout, il conviendrait de proposer à Walt Disney de construire à Saint-Cyr, par exemple, un « Versailles World » qui attirerait des millions de touristes chaque année. Un seul défaut à ce projet, les pantins mis à la porte, ne pourront pas être engagés, ils sont trop mauvais.  » Michel ODIN  

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