Toute sa vie, Carla Fracci a été la bonne fée de la danse en Italie et par le monde.

Ce génie de la danse, elle le cachait modestement derrière une immense gentillesse. Toujours souriante, elle ne s’énervait jamais, restait humble et sereine. Les yeux remplis de tendresse, attentive à tout, elle évoquait les madones de Raphaël.

En fait, cette silhouette si simple et belle, était l’une des trois ou quatre meilleures ballerines du monde.

Quelle destinée lisse et calme, sans jamais le moindre accroc.

On la croyait romaine, elle était milanaise. À 9 ans, en 1946, elle entre à l’École de Danse de la Scala. 12 ans plus tard, elle est déjà nommée Étoile. Il ne faut pas oublier que les années soixante ont été une époque formidable pour la danse, les sorcières ne s’étaient pas encore emparées du pouvoir.

Carla Fracci a trouvé en son mari, Beppe Menegatti un merveilleux mentor, et c’est à lui que vont ce soir toutes nos pensées.

Avec le chorégraphe Loris Gai, ils créent la Mouette d’après Tchekhov en 1968 et Macbeth en 1969. En quelques mois, avec la rapidité de l’éclair, Carla Fracci devient célèbre en Europe et à New York, la plupart des chorégraphes veulent créer pour elle. En 1967, Lucia Chase l’engage comme Étoile à l’American Ballet, l’Amérique est subjuguée. Carla Fracci multiplie alors dans le monde les représentations de Giselle. À cette époque, qui n’allait pas voir la Fracci dans Giselle à la Scala était jugé indigne par ses pairs, de faire parti du petit groupe des balletomanes du monde.

Par la suite, elle s’occupe de plusieurs compagnies, le ballet des arènes de Vérone, puis le Ballet de l’Opéra de Rome, qu’elle dirige avec cette maestria que personne n’oublie.

Carla Fracci a rythmé la vie de la danse jusqu’à ces dernières semaines puisqu’au début de l’année, Manuel Legris l’avait invité à la Scala pour faire travailler la compagnie.

Carla s’en est allée ce matin, mais elle laisse chez tous ses admirateurs des images, des souvenirs indélébiles, que rien ne fera jamais oublier. Les Milanais, les Romains, toute l’Italie a perdu sa fée de la danse, qui les a précipités dans l’enchantement pendant tant d’années, mais aussi, sa Mater Dolorosa, cette silhouette bienveillante et rassurante qui était là pour dire, ne vous inquiétez pas, la vie est belle. Michel Odin

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